Vivre l'art de façon poétique


 Publié le 1 ier octobre 2011  dans le Quotidien
Anne-Marie Gravel
Le Quotidien
CHICOUTIMI) Les murs de L'Oeuvre de l'Autre sont dénudés. Dans un coin, un amas d'objets pique la curiosité. D'ici quelques jours, tout devrait être différent, des oeuvres vont surgir, puisque l'artiste Sylvie Cotton effectue une résidence à la galerie de l'Université du Québec à Chicoutimi. Elle propose un travail en évolution constante. Personne ne sait quelle forme prendra l'installation. Ni même l'artiste.
Le 19 octobre, Sylve Cotton présentera le fruit de son labeur. C'est à ce moment seulement que le public et l'artiste pourront découvrir le résultat d'un mois de résidence à la galerie L'Oeuvre de l'Autre à l'occasion de ce qu'elle a baptisé un Finissage».  
«Le processus fait partie intégrante de l'exposition», explique-t-elle.
Lorsque questionnée sur le type d'art qu'elle exerce, Sylvie Cotton énumère, puis elle se dirige vers un organigramme de ses différentes pratiques. Les ramifications sont tellement nombreuses, qu'elle-même ignore leur nombre.  
«Ça se multiplie sans cesse», explique celle qui profite de son passage à Chicoutimi pour enseigner tous les matins à l'université.  
Difficile donc de savoir quelle direction prendra l'artiste au cours de son séjour à Saguenay.
Actuellement, elle a une vague idée de ce qu'elle présentera dans quelques jours. Dans un coin, elle étale des feuilles truffées de petits trous.
«Ce sont tous les textes que j'ai étudiés à l'université pendant ma maîtrise, mes notes de cours. Je les ai transformés en confettis. Je trouve que ce qui reste est un bel objet. J'ai envie d'en faire un rideau...»
L'artiste songe à assembler les feuilles en une grande pièce. «Pour l'instant, dans ma tête, ça s'appelle Murmure. Car il reste de petits mots un peu partout, comme un murmure.»
Sylvie Cotton a une manière poétique de vivre l'art.
Elle a d'ailleurs récupéré une citation de chacun des auteurs avant de détruire les écrits. Elle les a réunis dans un cahier. D'ailleurs, des carnets, elle en tient plusieurs. Certains regroupent des traits de couleurs, d'autres des schémas de sa respiration.
Elle met beaucoup de soin à agencer les choses.
«J'aime trouver la beauté dans les petites choses», explique-t-elle. Une affirmation qui cadre parfaitement avec le titre de sa résidence, Tout est une fleur.
Tout près des cahiers, étendus au sol, des cordes, des fils et des rubans sont placés côte à côte, vestiges d'une récente résidence au Japon.  
«Là-bas, j'étais seule pour me promener. J'ai décidé de ramasser chaque corde, fil, ruban ou ficelle que je voyais par terre. Aujourd'hui, toutes ces personnes qui ont échappé quelque chose ne savent pas qu'elles sont attachées les unes aux autres. Depuis que je suis arrivée à Chicoutimi, je fais la même chose. Avec ces bouts de fils, les Japonais vont rencontrer les gens de Chicoutimi. C'est une rencontre à leur insu.»  
Mais tout ça pourrait avoir pris une forme bien différente lors d'une prochaine visite.
«Qu'adviendra-t-il? Je ne le sais pas encore. Et si je le savais déjà, je n'aurais pas besoin de le faire», affirme l'artiste dans la fiche explicative de son exposition.
Sylvie Cotton est présente à la galerie L'Oeuvre de l'Autre tous les après-midi, entre 14h30 et 16h30, afin de parler de son approche, de son art, de ses techniques. À l'occasion de son «Finissage», le 19 octobre, elle procédera également au lancement de son livre, une monographie intitulée Pratique en résidence 1997-2011 éditée au Centre Sagamie.

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